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Egocentrissimo

Egocentrissimo
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25 mars 2008

Billet facile

J’avais un peu oublié que la neige pouvait être blanche. Même si on ne l’a pas vue beaucoup ces dernières années, le souvenir que j’en ai, durant toutes mes années dans le centre-ville, c’est une gadoue grise et fondante.

Mais là, où je vis désormais, je n’ai que ce cliché facile, mais tellement vrai : un tapis blanc ! J’en étais comme deux ronds de flanc ce matin en me levant. Là maintenant les flocons continuent de tomber, sans relâche !  Une chance que je sois en congé et que je n’ai pas à me déplacer car je m’imagine déjà ce que ça sera sur les routes. J’ai plein de trucs à faire à la maison et ça tombe bien, aussi bien que la neige finalement !

Ca ne m’empêchera pas d’aller faire une ballade dans le parc tout près, rien que pour entendre le bruit de la neige sous mes pas. Bizarre comme la neige nous ramène à notre enfance, du moins à la mienne, du temps où la neige faisait son apparition systématiquement tous les hivers.  Je pense à ma collègue qui récemment me disait que ses petites jumelles n’avaient jamais vu la neige.......

Je me dis aussi que si j’arrive à m’émerveiller de ce spectacle, c’est que forcément je continue à aller bien.  Tous les matins sont beaux, et ceux recouverts de neige, un chouia plus beaux que les autres.

Peut-être que ça va me décider à enfin déballer mon appareil photo ?

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22 mars 2008

Le Printemps

Depuis vraiment pas longtemps, c’est le printemps.  J’aime bien.

C’est le moment où je me rends compte qu’il y a une nature.  De ma fenêtre je vois en effet les bourgeons tout en haut des arbres.  Les arbres qui peu à peu passent du brun au vert.  Un vert encore pâle, mais qui ira s’améliorant.  C’est ça le printemps, tout va devenir plus beau.  Le temps, la longueur des jours, même si on en rajoutera un peu artificiellement à la fin du mois.  Il faut toujours un peu aider la nature.  C’est bon pour le moral de rallonger les jours.  On a l’impression que c’est aussi un bout de vie qu’on nous met en plus.  Les jours sont plus longs, et d’un coup on en fait plus sur la journée.  On termine le boulot et c’est comme si on avait encore une journée devant soit avant qu’il fasse nuit.  Et ce temps « en plus » c’est gratuit, comme si on recevait un cadeau, du temps pour soi, pour se détendre, pour faire ce qu’on a envie plutôt que ce qu’on doit.

Même les gens vont devenir plus beaux. Moins emmitoufflés.  Les couleurs sombres que l’on porte, propres à l’hiver, vont faire place à des teintes plus éclatantes.  Comme les arbres en somme.  Même sur les visages, peu à peu, les moues renfrognées seront remplacées par des visages un peu plus illuminés.  Les femmes vont sortir leurs petites robes fleuries, les hommes leurs lunettes de soleil.  Ca leur permettra de frimer un peu plus face à ces femmes qui auront d’un coup en peu plus envie de séduire. 

Et moi dans tout ça ?

Je n’ai pas fini de vous en parler de moi.

Vaste sujet.

Bien sûr je ne m’appelle pas Jeanne.  Mais j’aurais bien voulu.  Ou Jean, mais ça c’est si j’avais été un homme.  C’est beau Jean comme prénom.  Comme Mohammed.  Jean en Arabe.  On m’aurait alors surnommé Jeannot ou Jean-Jean.  Comme on m’aurait surnommé Momo. Mais ça c’est si j’avais été un homme, et en plus Arabe.

Là, si je m’étais appelée Jeanne, on m'aurait peut-être surnommée Jeannette.  Ou la p'tite Jeanne.  Pourquoi ne m’a-t-on pas prénommée Jeanne ?

22 mars 2008

Partir

Celle qui part, laissons la partir....

Celle qui part,

même si elle nous revient un jour,

ne reviendra plus.

Partir

On part pour s’éloigner du lieu qui nous a vu naître et voir l’autre versant du matin. On part à la recherche de nos naissances improbables. Pour compléter nos alphabets. Pour charger l’adieu de promesses. Pour aller aussi loin que l’horizon, déchirant nos destins, éparpillant leurs pages avant de tomber, quelquefois, sur notre propre histoire dans d’autres livres.

On part vers des destinées inconnues. Pour dire à ceux que nous avons croisés que nous reviendrons vers eux et que nous referons connaissance. On part pour apprendre la langue des arbres qui, eux, ne partent guère. Pour lustrer le tintement des cloches dans les vallées saintes. À la recherche de dieux plus miséricordieux. Pour retirer aux étrangers le masque de l’exil. Pour confier aux passants que nous sommes, nous aussi, des passants, et que notre séjour est éphémère dans la mémoire et dans l’oubli. Loin des mères qui allument les cierges et réduisent la couche du temps à chaque fois qu’elles lèvent les mains vers le ciel.

On part pour ne pas voir vieillir nos parents et ne pas lire leurs jours sur leur visage. On part dans la distraction de vies gaspillées d’avance. On part pour annoncer à ceux que nous aimons que nous aimons toujours, que notre émerveillement est plus fort que la distance et que les exils sont aussi doux et frais que les patries. On part pour que, de retour chez nous un jour, nous nous rendions compte que nous sommes des exilés de nature, partout où nous sommes.

On part pour abolir la nuance entre air et air, eau et eau, ciel et enfer. Riant du temps, nous contemplons désormais l’immensité. Devant nous, comme des enfants dissipés, les vagues sautillent pendant que la mer file entre deux bateaux. L’un en partance, l’autre en papier dans la main d’un petit.

On part comme un clown qui s’en va de village en village, emmenant ses animaux qui donnent aux enfants leur première leçon d’ennui. On part pour tromper la mort, la laissant nous poursuivre de lieu en lieu. Et on continuera de faire ainsi jusqu’à nous perdre, jusqu’à ne plus nous retrouver nous-mêmes là où nous allons, afin que jamais personne ne nous retrouve.

(Extraits du livre Mirages, Issa Makhlouf -

traduction : Nabil El Azan, éd. José Corti, Paris 2004)

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